MISTER LIZZY : Mennecy, Le Stock, 11/3/23
Comme son nom l'indique, Mister Lizzy est un tribute Thin Lizzy. Ce groupe est né de la passion qu'entretenaient Bruno et François pour le gang de Phil Lynott. Ainsi, ayant auparavant joué dans divers groupes de reprises, nos deux amis ont rameuté trois autres compères à savoir Philippe, Emmanuel et Alain pour créer Mister Lizzy. Henri, l'initiateur de la Thin Lizzy Fest m'en avait longuement parlé et en bien, de surcroît qu'il était de fait évident pour moi de me rendre au Stock de Mennecy en cette fraîche soirée du 11 mars. En plus, ça tombait parfaitement bien, puisque via cette date, l'on célébrait le 40ème anniversaire de l'un des concerts enregistrés à l'Hammersmith Odeon, un show qui avait servi entre autres à l'élaboration du mythique double live Life.
Mennecy, c'est comme Vauréal, il faut prévoir et partir tôt et c'est donc en compagnie de mon pote Philty que nous partons pour le fin fond du département de l'Essonne. Mais bon là, aucun bouchon n'est à déplorer et nous atteignons très vite notre but.
Après avoir consommé un bon hamburger (ça faisait longtemps
) accompagné de succulentes frites faites maison, Philty et moi sommes successivement rejoints par les amis Dédé, Henri et Benoit. D'entrée de jeu, l'ambiance part sur un bon pied car ce bon Dédé nous fait part de ses dernières anecdotes souvent croustillantes de concerts auxquels il a assisté. Autant vous le dire, c'est presque au rythme d'un show tous les soirs qu'il régit son quotidien.
Annonçant la couleur sous la forme d'un "Nous allons vous présenter deux sets", Mister Lizzy fait son apparition sur la modeste scène du Stock avec un Jailbreak enchainé immédiatement avec un superbe Waiting For An Alibi syncopé à souhait, ce dernier titre du "groupe-mère" ayant toujours remporté un franc succès en live. Dès Jailbreak, v'là not' Dédé qui plonge au devant des musiciens pour les "mitrailler" de photos et de vidéos à tout va. Un vrai passionné, chuis là......
Concernant Mister Lizzy, le groupe est bien en phase notamment sur les passages de twin guitars tout particulièrement sur Emerald et The Boys Are Back In Town (toujours précédé de l'imparable Cowboy Song). The Boys Are Back In Town pendant lequel certains membres de l'assistance investissent le devant de la scène pour y faire état de leur talent de danseurs, danseurs qui prendront garde de ne pas heurter le dynamique Dédé toujours lové devant la scène. Cela ne semble pas perturber le groupe qui, d'un air amusé, s'acquitte de très bonnes versions de Don't Believe A Word, Bad Reputation, Suicide particulièrement rageur, Cold Sweat (le titre qui, en 83, a fait sans doute connaître Lizzy aux métalleux qui ne juraient que par Maiden ou Scorpions) et Killer On The Loose qui aurait peut-être mérité d'être rehaussé par un son de basse plus puissant. La seule accalmie proviendra d'un Still In Love With You particulièrement émouvant où nos deux six-cordistes se renverront de concert le solo twin guitar final tant attendu voire espéré par les spectateurs venus les voir.
Le combo effectue une courte pause. C'est alors que notre pauvre Dédé national éprouve de réelles difficultés à se relever pour regagner la place qui était la sienne. Mario, du groupe Barrakuda (vu il y a quelques mois), se fera un plaisir de l'aider dans cette périlleuse entreprise. Il est clair qu'on a l'âge de ses (vieux ?) os, n'est-ce pas ?.......
C'est sur un Are You Ready dévastateur que le groupe réinvestit la scène exigüe du Stock, une version qui met tout le monde d'accord, interprétée avec conviction par un Emmanuel qui, avec sa casquette, a un faux air de Ricky Warwick le vocaliste talentueux de Black Star Riders. Je lui en ferai part après le concert et celui-ci, arborant un sourire malicieux, se fendra d'un "Fatalement" sur un ton amusé.
Le 11 mars, nous sommes à 6 jours de la St Patrick. Quoi de plus logique que d'interpréter le très batailleur Emerald délivré ici qui respecte en tout point l'esprit Lizzy ? La partie twin guitar se veut être parfaitement restituée par un Alain et un François qui ne pensent qu'à une chose : en découdre à coups de riffs incisifs. Chinatown, le morceau-titre d'un album un peu mal aimé, que j'adore pour ma part, a droit à un traitement qui réveillerait en sursaut un grizzly canadien en pleine hibernation.
The Sun Goes Down, ce titre trop méconnu, composé par Darren Wharton et Phil Lynott, issu de l'album Thunder And Lightning, offre pour notre Dédé une accalmie presque réparatrice (j'ai bien écrit "presque"), lui qui vient de se relever difficilement pour converser avec l'ami Mario. L'intro à la basse est cette fois-ci excellente suivi du chant plaintif d'Emmanuel notamment sur la phrase Won't someone save us, sinners et du brillant solo de François qui, sur l'intro aux keyboards, avait revêtu avec brio la casquette de Darren Wharton. Cette version gorgée d'émotion en émeut plus d'un(e) de toute évidence et l'on perçoit chez l'ami Philty, assis à ma gauche, une petite larmichette qui coule lentement mais sûrement le long de sa joue droite.
La basse vrombissante de Bruno vient nous rappeler à quel point Hollywood, extrait de Renegade (album trop mésestimé aussi que je considère, pour ma part, comme un chef d'oeuvre d'éclectisme, allez voir si un groupe de hard rock contemporain de Lizzy a pris autant de risques en proposant un tel album mettant en présence des influences jazz, hispanisantes, boogie et bien évidemment hard rock : cherchez bien, y en a pas.) est un morceau puissant et efficace que reproduit fidèlement Mister Lizzy.
Puis, comme dans le double live Life, juste avant Got To Give It Up, Emmanuel reproduit presque mot pour mot le petit discours de Lynott qui prévenait son auditoire que toute forme d'addiction quelle qu'elle ait été, était dangereuse pour la santé. Ca lui allait bien de dire ça quand on sait ce qui lui est arrivé presque trois ans plus tard. On ne peut pas dire qu'il ait eu le nez creux sur ce coup-là. La version proposée par Mister Lizzy est fidèle à l'original et c'est bien là, l'essentiel.
J'ai toujours adoré Dancing In The Moonlight pour son rythme pétillant et léger et cela, Mister Lizzy le sait puisque nos cinq compères en délivrent une interprétation assez débridée mais superbe en même temps.
Impossible ensuite de faire l'impasse sur Rosalie de Bob Seger, Emmanuel signalant au passage qu'il a toujours préféré la version plus pêchue de Lizzy, le groupe ayant d'ailleurs fini par se l'approprier au "Phil" des années dans son répertoire.
L'Irlande revient ensuite en force vers un Black Rose plus court que l'original puisque nos cinq gaillards éludent le passage folklorique où les deux guitares de Gary Moore et de Scott Gorham se livraient une bataille sans merci. Au lieu de cela, Mister Lizzy s'embarque sans temps mort dans un enchaînement vers Whiskey In The Jar, l'occasion de faire participer le public du Stock qui réagit au pied levé voire au poing levé. Très belle version qui dure une bonne dizaine de minutes.
Cela aurait dû s'arrêter là mais le groupe étant dans l'envie de faire plaisir aux nombreux addicts lizziens venus à leur rencontre, achève ce set en proposant une magnifique seconde interprétation de The Boys Are Back In Town.
Mister Lizzy peut se définir comme étant un tribute qui respecte avec fidélité l'esprit Lizzy et comme le disait Henri à la fin du show, "ils auront toute leur place lors de la prochaine Thin Lizzy Fest" et cela, nous en sommes totalement convaincus.