GRAND SLAM : Wheel Of Fortune (2024)
Grand Slam, on ne les attendait plus, on ne savait même plus qui ils étaient. Juste que c'était un groupe qui avait été créé par Phil Lynott après la dissolution de Thin Lizzy. Un groupe qui également avait écumé toutes les petites salles du Royaume Uni, enfin presque toutes pour se faire un nom sans pour autant parvenir à décrocher un deal avec une maison de disques. Le deal si, Lynott l'avait dégoté grâce à ses fournisseurs en héroïne. A l'aube de 1986, Lynott disparaît emmenant avec lui Grand Slam dans la tombe.
Mark Stanway (ex-Magnum) et Laurence Archer, co-fondateurs du combo décident alors en 2016 de relancer l'aventure, tournant de façon mesurée en Europe en compagnie d'un line up solide : Mickey Barker (ex-Magnum) derrière les fûts, Neil Murray à la basse (ex-plein de groupes dont Whitesnake) et Stefan Berggren (ex-M3 Classic Whitesnake, The Company Of Snakes) au chant.
En 2018, chamboulement dans Grand Slam. Laurence Archer reprend les choses en mains et s'offre les services du massif chanteur, Mike Dyer, vocaliste réputé comme ayant fait partie d'un groupe nommé Tokyo qui, sinon, passe son temps............à faire du théâtre avec sa compagnie qu'il a montée et à participer à des shows télé. Sont également de l'aventure le batteur Benjy Reid qui a joué entre autres avec Praying Mantis et le John Lawton Band sur le live Shakin' The Tale et le bassiste Rocky Newton qui s'est surtout fait connaître en 1988 avec le McAuley Schenker Group via la réalisation du superbe album Perfect Timing.
En résulte un album Hit The Ground, "respectueux de l'esprit Lynott" qui sort un an plus tard qui ne contient que 4 nouveaux titres Hit The Ground et sa trame vraiment accrocheuse, Gone Are The Days et son influence très marquée Thin Lizzy, le très mélodieux Long Road et le superbe instrumental Grand Slam. Le reste avait déjà expérimenté en live à l'époque du grand Phil et en studio via la sortie postérieure des Studio Sessions sur Zoom Records en 2010.
L'élan porté par cet opus se vit quelque peu interrompu par la pandémie mais une fois celle-ci terminée, le groupe qui a décidé de faire connaître Hit The Ground, entreprend une tournée qui passe en 2021 par le Pacific Rock à Cergy Pontoise, donnant là un superbe concert dont vous lirez probablement la review que j'en avais faite à l'époque.
Après cela, il convenait pour nos cinq compères de s'atteler à un deuxième album axé sur une majorité de compositions personnelles. Via Facebook, Laurence Archer transmettait régulièrement des informations sur l'élaboration de l'album qui, manifestement se faisait dans une ambiance détendue.
Une date de sortie est enfin annoncée : ce sera le 7 juin 2024, six jours après le Thin Lizzy Fest #. Une bonne et mauvaise nouvelle à la fois pour cette publication. Mieux vaut toujours commencer la mauvaise. Une sortie conjointe au Thin Lizzy Fest aurait constitué une sorte de plus-value pour le Fest surtout que venaient d'être publiés les deux excellents singles There Goes My Heart et Spitfire. La bonne nouvelle résidait dans la sortie imminente de ce deuxième album accompagné pour le coup d'un ré-enregistrement avec le nouveau line up (en l'occurrence avec Rocky Newton) de Hit The Ground rebaptisé pour l'occasion Hit The Ground Revised.
Tout d'abord la pochette. Réalisée par Paul Hallewell (connu pour exceller dans le registre de la caricature), celle-ci représente au recto le groupe, affichant un air très sérieux et déterminé pose fièrement devant une imposante roue de la fortune d'où le titre de l'album. Entourés de deux soubrettes sexy, histoire de renforcer le concept de virilité, nos quatre amis n'ont qu'une idée en tête : nous convaincre d'écouter au plus vite ce nouvel effort. Au verso, de nouveau, nous avons droit à une représentation graphique de Grand Slam avec Un Mike Dyer souriant, semblant dire : "Alors, vous avez aimé l'album ?"
Produit et mixé par Laurence Archer himself, Wheel Of Fortune s'ouvre sur le premier single There Goes My Heart à l'inspiration lizzienne très prononcée. Bonne trame et toutes guitares en avant, le titre fait indubitablement mouche d'entrée de jeu tout comme cela va être le cas pour le rapide et entrainant Starcrossed Lovers. Draîné par une rythmique de plomb et une mélodie TRES accrocheuse qui vous hanteront après son écoute, ce titre constitue indéniablement l'un des moments forts de cet opus. Vous verrez, vous vous prendrez à entonner le refrain "“Forever we will be starcrossed lovers” à tue-tête !!!!!!
Grand Slam se veut être à la base l'oeuvre, le "bébé" (tout comme le fut Thin Lizzy) de Phil Lynott. Il s'avérait logique de lui adresser là où il se trouvait un malicieux petit clin d'oeil en revisitant Harlem rebaptisé Come Together In Harlem. Plus punchy que la version originale, on y trouve en complément ce refrain "Hey, let's come together" qui vous trotte irrémédiablement dans la tête, un morceau sur lequel Laurence Archer nous gratifie en sus d'un étincelant solo. Pour ce qui concerne le chant de Mike Dyer, celui-ci adopte un registre vocal qui pourrait de temps à autre lorgner vers celui de Ricky Warwick époque Black Star Riders. Remettre au goût du jour un passé glorieux pour mieux embrasser l'avenir avec ce morceau interprété de façon respectueuse, telle semble être la réelle motivation du groupe, cela va sans dire.
Le riff plombé de Trail Of Tears accompagné d'un Dyer dont la voix n'est pas sans nous rappeler certains phrasés du Maître, fait de nouveau dans une mélodie attachante et percutante à la fois, mélodie soudainement interrompue par un léger bridge fort bienvenu. Intervient ensuite la ballade de rigueur Feeling Is Strong dédiée à Joanne la fille d'amis proches décédée à l'âge de 19 ans. Un titre qu'un David Coverdale dans Whitesnake n'aurait pas renié. Ce n'est pas la ballade du siècle en même temps, mais étant agrémentée d'un solo tout en subtilité de la part d'Archer, elle passe finalement très bien.
Très judicieux d'avoir placé sur chaque face de la version vinyle les deux percutants singles en opener car après ce There Goes My Heart très réussi, c'est un tellurique Spitfire qui nous est proposé. Comme son nom l'indique, ce titre "crache littéralement le feu", ne laissant que très peu de place à quelque temps mort que ce soit, un peu comme si le temps d'un morceau, Laurence aurait revêtu "la casquette" (en même temps, il en a déjà une) d'un Gary Moore. I Wanna Know, après ce déluge de décibels, permet à l'auditeur de souffler un peu pour repartir sur un Pirate Song fort attachant. Démarrant sur un schéma qui pourrait s'apparenter à celui qui prévaut sur le Wanted Dead Or Alive de Bon Jovi teinté d'un zest zeppelinien et de musique americana, cette fresque bluesy opte ensuite pour un tempo bien plus marqué. Une bien belle prise de risque pour un titre qui, reconnaissons-le, n'est pas très habituel pour le groupe.
Afterlife ne baignant pas non plus dans la plus grande des allégresses de par ses lyrics, recèle néanmoins d'une variété indéniable dans le processus de composition. Tantôt calme, tantôt impétueux, il emmène l'auditeur dans une sorte de voyage initiatique vers un au-delà qui ne semble guère être très réjouissant, lui non plus... Pas très fun tout ça.
Combinant passages acoustiques et électriques, Wheel Of Fortune (le morceau) offre
de nombreux contretemps savamment agencés. D'une incroyable richesse, il laisse entrevoir chez Grand Slam de nouvelles facettes en termes de composition.
Laurence Archer l'a toujours clamé haut et fort : "Grand Slam is not a project !!! It's a band !!!!!!" (Grand Slam n'est pas un projet. C'est un groupe !!!). Et lorsque l'on écoute cet album, on en est pleinement convaincus.