C'est en partie parce qu'il est double, et en partie parce que rien, ici, n'est ne serait-ce que moyen, et aussi en partie parce que c'est le dernier disque majeur du groupe, et aussi en partie parce qu'il contient 7 immenses morceaux parmi les 17 grands morceaux qu'on y trouve, qu'Out Of The Blue est le sommet de la bande à Jeff Lynne et Richard Tandy (claviers). L'album est sorti sous une pochette de pleine science-fiction montrant un gigantesque vaisseau spatial aux couleurs du logo du groupe (logo ayant fait sa première apparition sur la pochette de l'album précédent), vaisseau circulaire au-dessus de la Terre (visible au verso) et dans lequel une fusée elle aussi arborant le logo d'ELO entre par un sas. A l'intérieur de la pochette ouvrante, l'intérieur du vaisseau, avec les différents membres du groupe (photo plus bas). On sent que l'album sera aventureux et riche rien qu'à regarder son artwork, et on ne se trompera pas. Ce disque est une cathédrale, un Paradis pop absolu qui, de Turn To Stone à Wild West Hero en passant par sa complète face C proposant un Concerto For A Rainy Day en quatre mouvements (le dernier de ces morceaux est l'immense, culte et très connu Mr. Blue Sky, que SFR utilisera comme musique de ses publicités il y à une dizaine ou douzaine d'années), et ce, sans oublier Jungle, Sweet Talkin' Woman et le remuant Birmingham Blues (Birmingham est la ville de Lynne), vous transporte dans l'univers chatoyant, sublimement produit, et très varié, d'Electric Light Orchestra.
C'est difficile de décrire l'album, il faudrait passer au crible chacun des 17 morceaux, et ça risquerait de tuer dans l'oeuf la jubilation que l'on ressent à l'écoute d'un tel phénomène. Quand on pense que ce disque est sorti en pleine année punk, l'année des albums autoproduits (ou produits à la rapide, comme le Dead Boys ou le Clash), on peut se demander comment un tel disque, qui représente exactement tout ce que les punks détestaient (ELO a fait partie, avec Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, des groupes sur lesquels les punks chiaient, métaphoriquement parlant, à longueur de journée), a fait pour cartonner autant. Mais 1977 est aussi l'année du AJA de Steely Dan et du Rumours de Fleetwood Mac, autres triomphes pop (et jazzy pour le premier cité). En tout cas, avec ce double album anthologique, ELO s'impose définitivement comme un très grand. Dommage pour eux que ça soit leur dernier sommet, même s'ils ne pouvaient pas le savoir. Dès l'album suivant, Discovery en 1979, Electric Light Orchestra s'enfoncera progressivement dans une mélasse pop de plus en plus caricaturale, le groupe essayant sans cesse de refaire le coup d'Out Of The Blue, en plus new-wave/proto-disco, et ça foirera lamentablement à chaque fois. Discovery aura pour lui quelques chansons imparables (j'en reparle bientôt et ça sera ma dernière chronique sur ELO, du moins pour le moment), mais rien qui soit capable de faire oublier n'importe laquelle (même le court Believe Me Now d'1,20 minute) des 17 chansons de ce double album magistral et culte de 1977.(source rock fever)