Après avoir inspiré moult bouquins parfaitement débiles, la vie du célèbre Nostradamus sert ici de prétexte à un opéra-rock en trois actes répartis sur un double CD pour durée totale d'une heure quarante. Or, si le nom d'Avantasia vient immédiatement à l'esprit, notamment parce que Nikolo Kotzev, un guitariste/claviériste bulgare exilé en Finlande, s'est offert les services de six chanteurs (dont Glenn Hughes, Joe Lynn Turner et Göran Edman) pour enregistrer son œuvre, ou parce que le contexte historique est globalement similaire, il convient de relativiser les choses. Avant d'aller concurrencer Tobias Sammet sur son terrain, Nikolo a en effet sorti trois albums avec son projet solo Brazen Abbot, sur lesquels il travaillait déjà avec la plupart de ses complices d'aujourd'hui et changeait de chanteur d'un morceau à l'autre. En outre, Avantasia oscille entre le metal prog et le speed mélodique, alors que Nostradamus donne dans le hard rock à la Rainbow et le hard progressif à la Kansas, ce qui n'est pas sans conséquence sur le nombre et la nature des intervenants : dans Avantasia, les arrangements classiques sont sobres et samplés, tandis que, dans Nostradamus, ils sont omniprésents et assurés par un orchestre symphonique de trente-cinq musiciens. En revanche, l'un comme l'autre restent majoritairement une affaire d'hommes – Sass Jordan chante sur un titre de Nostradamus et Alannah Myles sur deux, point barre ! Visiblement, la parité n'est pas encore à l'ordre du jour dans le metal…
Hervé SK Guégano