1. See You In Black (3:17)
2. Harvest Moon (4:66)
3. Power Underneath Dispair (3:29)
4. X Ray Eyes (3:49)
5. Hammer Back (3:35)
6. Damaged (4:22)
7. Cold Gray Light Of Dawn (3:53)
8. Real World (5:11)
9. Live For Me (5:19)
10. Still Burnin' (3:37)
11. In Thee (live) (3:40)
, le BÖC reste le BÖC, même s'il a été amputé de deux de ses têtes pensantes, les frères Bouchard. Des membres d'origine, il ne reste plus que Eric Bloom, Donald Roeser et Allen Lanier, des personnages emblématiques, mais qui n'ont pas forcément la classe et la qualité d'écriture de Joe et Albert Bouchard. Pas de quoi rassurer de premier abord, mais les musiciens restant n'ont pas oublié une chose : le groupe a souvent reposé sur l'opposition de style entre Bloom et Roeser, la confrontation de l'ange blanc et de l'ange noir, deux conceptions radicalement différentes de la musique et tellement complémentaire au sein du BÖC ! Il suffit de regarder les crédits pour savoir selon les interventions de Bloom si un titre va sonner heavy ou non. Même si Roeser, petit chenapan ! peut également créer la surprise.
D'ailleurs, au sujet des crédits, on remarque que Blue Öyster Cult a encore très bien su s'entourer. Sur presque toutes les chansons on peut voir le nom de John Shirley associé. Ce dernier est un écrivain et scénariste de comics (Hellblazer, Dracula In Love) plutôt bien côté outre-Atlantique et qui continue la longue série de collaborations extra-musicales du BÖC, un groupe qui a souvent eu des textes quatre étoiles luxe.
Et personne ne se soucie des modes. Heaven Forbid sonne comme un album de Blue Öyster Cult. Comme si Club Ninja et Imaginos n'avaient été que des étapes parmi d'autres, que le groupe avait continué à sortir des albums, en se mettant à jour des évolutions de la production. On ne peut tout simplement pas croire que dix années sont passées sans qu'on ait eu à gober une huître bleue.
Et le fait que BÖC ne tente pas de coller à son époque lui donne une chaleur particulière. Capable de sonner très moderne grâce à une production aux petits oignons (Roeser a pris haut la main la succession de Sandy Pearlman en accentuant le son des guitares) tout en conservant une patte très '70 retrouvée (et qui faisait atrocement défaut sur certains opus formatés des '80, où la créativité propre à la décennie précédente était presque une insulte...). Ainsi, Damaged est un petit bijou, signé Roeser, qui passe allègrement de rythmes funky à des sons bien plus metal, dopés par un orgue Hammond d'un autre temps, mais ô combien essentiel et agréable ici.
Heaven Forbid comblera les fans du BÖC. Ceux qui apprécient la touche d'obscurité de Bloom seront en transe sur les heavy See You In Black (une claque comme le BÖC n'en avait plus infligé depuis Heavy Metal, The Black And Silver), Power Underneath Dispair ou encore Cold Gray Light Of Dawn, même si Roeser ne se montre pas en reste avec Still Burnin', suite logique de Burnin' For You, avec sa double grosse caisse savoureuse. Mais les inconditionnels de l'ange blanc retrouveront son style plus léger, plus "californien" sur des morceaux comme Harvest Moon ou encore Live For Me. En revanche, on peut légitimement se demander pourquoi avoir terminé ce disque sur une version live de In Thee, un titre extrait de Mirrors.
Avec cet album, Blue Öyster Cult réalise un come back unanimement salué, même s'il a tout de même perdu de son côté imprévisible et surtout, difficile d'accès. Mais pouvait-il en être autrement avec un groupe amputé de deux de ses membres les plus influents et d'un producteur qui les a suivi sur presque toute leur carrière ? Il faut accepter que le BÖC d'antan n'existe plus. Qu'il est devenu une nouvelle entité, encore capable de nous pondre un très bon album, plus de trente ans après la première monture du groupe. Et ça, ça mérite le respect.
SOURCE eric des dragons site METELSHIP