GRAHAM BONNET : Cergy, Pacific Rock, 12/2/17
Bon voilà, disons-le tout de suite : sur ce début d'année, il y avait, en ce qui me concerne, deux concerts à ne pas rater : celui de Glenn Hughes la semaine dernière et donc celui de Graham Bonnet avant-hier soir au Pacific Rock, deux légendes vivantes de la Purple Family. Le dernier cité n'était pas venu en France depuis, me semble t-il, le 12 février 1980, date d'un concert avec Rainbow sur la tournée Down To Earth.
Mes amis de Stratagème avaient la lourde charge d'assurer la première partie devant un Pacific Rock bien garni. Le groupe a, rappelons-le, connu deux changements d'importance puisque Aurel Ouzoulias a remplacé Jean-Pierre Pollet à la batterie et Boban Milojevic s'est adjugé le micro d'Alex Puiseux.
La setlist sera bien évidemment remodelée et écourtée quoique finalement nous aurons quand même droit à une bonne heure de concert. Ca débute sur un Perfect Strangers suivi d'un Highway Star du Pourpre fort bien interprétés avec un Boban qui, vocalement, a du coffre notamment un peu plus loin sur Mistreated, titre (encore) de Purple. Avec ses airs à la Paul DiAnno, le monsieur fait son job avec application et sérieux notamment sur Highway, morceau-titre de l'album sorti en 2013.
Bref, revenons donc au titre par titre de ce concert de Stratagème. Disposant d'un très bon son, le groupe nous envoie un Believe, extrait toujours de l'album Highway, d'excellente facture puis donc un tonitruant Highway Star pour lequel j'ai toujours apprécié la remontée de solo exécutée avec adresse et efficacité par un Phil Kalfon toujours autant en verve avec ses grimaces plus imaginatives les unes que les autres. Leave Me, délivré dans une interprétation que l'on qualifiera de fidèle à l'original, vient nous rappeler que cet album Highway contenait son lot de pépites très marquées Hard US. Un album à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas. Boban, quant à lui, y apporte une tonalité peut-être encore plus puissante qu'Alex en son temps même si l'on peut considérer que les deux vocalistes évoluent dans un registre différent.
Je le rappelle que nous sommes dans une configuration de première partie. Par conséquent, à partir de là, le groupe opte pour une stratégie de covers finement interpétées. Ainsi, nous avons droit successivement à Don't Break My Heart Again de Whitesnake, Crying de Satriani, Mistreated du Pourpre (que je trouve pour ma part, très bien interprétée). On glisse donc au milieu de tout ça un p'tit Highway, le titre-phare de l'album du même nom pour repartir ensuite sur Panama, Eruption (avec le show habituel mais terriblement impressionnant de notre Kalfonito) de Van Halen, You Really Got Me des Kinks, All We Are de Gotthard puis un Give Me All Your Love du Serpent Blanc. Un set bigrement efficace emmené par un Boban, soucieux d'être dans son interprétation, le plus proche du répertoire du groupe.
A peine une demi heure plus tard, le Graham Bonnet Band investit la scène très étriquée du Pacific Rock. C'est en premier l'ami Jimmy Waldo le claviériste d'Alcatrazz puis la charmante bassiste Beth-Ami Heavenstone suivie de peu par le batteur Mark Benquechea, le guitariste Conrado Pesinato et donc Graham Bonnet pour lequel il est impressionnant de constater que le temps n'a pas de prise sur lui. Physiquement, il est toujours aussi svelte et vocalement, nous allons rapidement nous rendre compte qu'il est au toujours au top, arc-bouté qu'il est sur son micro, notamment sur le très exigeant opener Eyes Of The World de Rainbow.
Nous sommes sur du Rainbow donc le groupe poursuit sur un All Night Long de bonne facture suivi de SOS extrait de l'album solo Line Up (1981) et God Blessed Video provenant de Disturbing The Peace d'Alcatrazz, deux titres pas vraiment marquants encore aujourd'hui, des années après les avoir écoutés. La belle Beth aligne les lignes de basse avec application et force tandis que Jimmy Waldo, enfin du moins, c'est mon opinion, ne brille pas toujours par sa virtuosité. Le show semble être bien rodé et l'on sent une réelle complicité dans le groupe et ce, même avec le batteur Mark Benquechea, nouvellement arrivé au sein du combo, qui cogne dur sans pour autant faire dans la taille de conifères alpins. Il est technique, le gamin...
Bonnet présente ensuite le nouvel album The Book (répété au moins trois fois par notre bien-aimé vocaliste) par le biais de Will You Be Home Tonight et Into The Night, un morceau que je trouve, pour ma part, assez anecdotique voire sans relief que ce soit en studio ou même en live. Bref, un morceau pas forcément taillé pour le live malgré une réelle volonté de la part du Bonnet de le faire décoller, ce foutu titre. La gouaille vocale du Graham est bel et bien présente tout au long du set. Cela transparaît sur Dancer du MSG (à mon avis, le morceau plus faible d'Assault Attack) qui sera précédé de deux très bonnes versions de Jet To Jet d'Alcatrazz et Desert Song du MSG. Un très beau moment, ce dernier titre.
Concert fantastique oui, sur les titres du MSG, de Rainbow et d'Alcatrazz (qui, comparativement aux deux premiers cités, ne disposait pas du même statut de reconnaissance, un succès d'estime, dirons-nous) mais pour ce qui concerne la qualité des compos de son album The Book, force est de constater que ces dernières pêchent véritablement par leur manque de créativité et passent assez mal le cap du live. Des compos assez plates qui, au final, font retomber l'intensité du concert qui avait démarré sur un rythme bien soutenu. Rider en est le parfait exemple. Heureusement d'ailleurs que la puissance vocale presque animale du Graham est bien là même si par moment, on sent que notre gaillard peine légèrement, puissance animale qui prend un peu le contrepied de ce que représente sa compagne bassiste à savoir une beauté ô combien naturelle. Comme beaucoup dans la salle, j'attends beaucoup plus de titres du MSG (comme Searching For A Reason (là, je peux encore rêver...), Broken Promises ou l'extraordinaire Rock You To The Ground) ou de Rainbow (comme Love's No Friend interprété sur la tournée Down To Earth). Manifestement donc, notre "brun" (hé non, il n'est plus blond...) vocaliste préfère se concentrer sur cet album, promo oblige. Un peu logique, vous me direz. Y en a qui le trouvent bon, cet album, pas moi. Heureusement pour moi, encore, ce sera encore le dernier titre de cet opus que je trouve bancal et ce, en partie dû à l'absence de titres vraimant marquants. Un artiste comme Graham Bonnet mérite de produire autre chose que ça.........
Night Games et Island In The Sun d'Alcatrazz (morceau dont le thème principal tourne autour de la prison d'Alcatraz) nous rappellent, avec ses nappes de synthés bien kitsch à souhait que le groupe a sévi dans les 80's. L'interprétation s'avère, ceci dit, être irréprochable notamment de la part de la section rythmique qui abat un travail monstrueux. J'avais, pour ma part, au départ quelques doutes quant à la qualité du jeu de basse de la jolie dame en particulier sur les "classics". Eh ben non, elle est bien présente sans pour autant égaler son homologue écossais Chris Glen que l'on ne présente plus ou même l'illustre Roger Glover (là oui, elle en est très loin). Elle est sérieuse et ce, malgré les tentatives de distraction provoquées par son vocaliste bien-aimé. Le batteur, lui, a la patate et n'a de cesse de restituer le plus fidèlement possible les différents répertoires qu'on lui a demandés de jouer. Waldo, (tiens, c'était le nom de mon chat quand j'étais à l'armée et ce à cause du dessin animé Waldo Kitty) meuble tout ce qu'il peut sans en faire trop ou plutôt sans en faire assez.
Since You Been Gone que Rainbow a emprunté chez notre ami, Russ Ballard, remet un peu de piment dans ce concert et ce, juste avant une interprétation magistrale d'Assault Attack dépourvu ceci dit du toucher unique du Schenk sur le solo final, toucher dont n'est pas doté indubitablement Conrado Pesinato. Mais bon, la version est excellente. Tout ceci s'achève sur un Lost In Hollywood très sobre sans aucun solo à rallonge (et c'est très bien comme ça).
Donc, je résume : un concert mémorable parce qu'il fallait être là et surtout quel plaisir de ré-entendre ces morceaux incontournables que sont Assault Attack, Eyes Of The World, Lost In Hollywood et Desert Song.
Concert parfois ennuyeux sur les nouveaux titres mais ainsi que je l'ai écrit au préalable, la voix de Bonnet parvient à dissiper la réelle faiblesse de ces compos. Sinon concernant Alcatrazz, pourquoi ne pas avoir opté pour un General Hospital, Kree Nakoorie ainsi que les formidables Too Young To Die Too Drunk To Live et Hiroshima Mon Amour (ce dernier ayant été réclamé soit dit en passant par un membre de l'assistance) ? Une setlist assez déséquilibrée à mon sens qui aurait pu faire la part belle aux titres sus cités surtout que le Graham, grâce aux 3 groupes majeurs dont il a fait partie, était largement en mesure de proposer une setlist de rêve autre que celle-ci qui m'a un peu laissé sur ma faim. Bon tant pis. L'essentiel était de le revoir en plus dans le contexte intimiste du Pacific Rock.
Très gentiment, le groupe se livre aux dédicaces de rigueur, Bonnet me signant mes LP's de Down To Earth de Rainbow, No Parole From Rock And Roll et Live Sentence d'Alcatrazz m'apercevant au moment fatidique que j'avais oublié à la maison Assault Attack du MSG pourtant déjà signé par Ted McKenna...Le CD The Book y passe aussi puisque tous les membres du groupe le signent. Un pote juste à côté de moi ira jusqu'à signifier au Graham qu'il avait vu Rainbow en sa compagnie à Paris...................le 12 février 1980. La belle Beth, les yeux hagards, manifestera son enthousiasme de façon très exubérante et ce, par le biais d'un rire également très...........exubérant. Finalement un concert où sévissent la Belle et la Bêthe ne peut être foncièrement mauvais....
Henri, Ponpon, John, Purplexed, Ronan
Ponpon, John, moi, Purplexed, Ronan
Setlist
Eyes of the World
(Rainbow song)
All Night Long
(Rainbow song)
S.O.S.
God Blessed Video
(Alcatrazz song)
Will You Be Home Tonight
Into the Night
Jet to Jet
(Alcatrazz song)
Desert Song
(Michael Schenker Group song)
Dancer
(Michael Schenker Group song)
Rider
Night Games
Island in the Sun
(Alcatrazz song)
Since You Been Gone
(Russ Ballard cover)
Assault Attack
(Michael Schenker Group song)
Lost in Hollywood
(Rainbow song)