Mr.BIG : Paris, Bataclan, 26/3/24
Mr.Big est GRAND et l'a encore prouvé avec cet ultime concert parisien qui se trouve être le dernier round d'une tournée d'adieu. Bah non, on ne les reverra plus, du moins c'est cela qui a été annoncé encore récemment. Il était donc temps pour d'aller voir de quel bois ils se chauffaient en cette journée pluvieuse et très fraiche.
En support band, ce fut le très expressif Jared James Nichols, fort d'un 3ème album éponyme sorti en 2023, excellent selon les dires de ceux qui en ont fait l'acquisition. En ce qui me concerne, j'avais eu juste l'opportunité de l'écouter lors d'un showcase au demeurant fort sympathique où durant sa prestation, il avait invité au pied levé dans le public des guitaristes à venir jouer avec lui.
Là, on se trouvait dans le cadre d'un véritable concert en trio, trio qui selon certains amis, avait manifestement encore changé. D'entrée de jeu, les deux morceaux efficaces que sont Easy Come, Easy Go et Down The Drain mettent tout le monde d'accord à en voir ceux qui sont à mes côtés. Son parfait, lights corrects, choix d'une setlist axé délibérément sur le percutant comme l'en atteste le pachydermique Hard And Wired. Jared observe cependant une trève avec le mélancolique Thew Me To The Wolves pour repartir de plus belle sur le très lourd Skin 'n Bone. Entre chaque morceau, le Jared, sans trop s'étendre non plus, incite le public du Bataclan à se manifester de façon plus marquée. Le temps passe sans que l'on s'ennuie une seule minute et ce sont Good Time Girl et la reprise de Mountain, Mississippi Queen qui viennent conclure cette magnifique prestation.
Au tour de Mr.Big de fouler les planches du Bataclan. Après le célèbre Blitzkrieg Bop des Ramones, le groupe, accompagné d'un choriste ainsi que cela a été précisé précédemment, entame son set sur le survitaminé Addicted To That Rush. Le Sheehan malmène sa basse tandis que Paul Gilbert, lunettes noires, élégamment vêtu d'un costume sombre, distille d'entrée de jeu des soli d'extraterrestre. Tout va à peu près bien sauf peut-être Eric Martin qui, sur certains morceaux tels que Take Cover, Price Gotta Pay et le tellurique Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song), éprouve de temps à autre certaines difficultés à poser correctement sa voix.
Omis de vous dire que le groupe s'attèle à l'interprétation de l'album Lean To It dans son intégralité avec des titres aussi imparables les uns que les autres comme Alive And Kicking, Green-Tinted Sixties Mind, A Little Too Loose, Road to Ruin et le tubesque To Be With You repris en choeur par le public parisien. A chaque fois que l'occasion lui est donnée, le chanteur demande à son auditoire de se manifester alors que nos deux artificiers de service "s'affrontent" via des solos improbables.
Le groupe s'embarque ensuite dans une reprise de haut vol du Wild World de Cat Stevens dont le refrain est entonné avec ferveur par un public volontaire et enthousiaste. Grand moment, assurément. Martin, Sheehan et le talentueux batteur Nick D'Virgilio qui, rappelons-le, officia entre autres au sein de Spock's Beard laissent la place à Paul Gilbert qui n'ayant pas perdu de sa verve guitaristique, s'acquitte d'un solo bourré de technicité et ce, pendant presque 10 minutes pour entamer de concert avec ses comparses un Colorado Bulldog d'excellente facture avec toujours en ligne de mire cette voix de Martin qui trémule de temps à autre.
Place maintenant à Billy Sheehan qui, lui aussi, tout en maltraitant sa basse, comme il l'a toujours fait, fait preuve ici d'une rare virtuosité avant de se transformer tout naturellement en un rouleau compresseur sur Shy Boy sorti tout droit des archives TALASsiennes.
Humble Pie, j'ai toujours aimé et ce, depuis que je me suis procuré, il y a fort longtemps, le double live Performance-Rockin' The Fillmore, le groupe aussi manifestement puisque celui-ci propose une puissante version de 30 Days In The Hole.
Idée saugrenue (pas tant que ça finalement) s'il en est voici que nos compères échangent leurs instruments dans l'hilarité générale. Gilbert passe à la batterie, Martin à la basse, Sheehan au chant et D'Virgilio à la six-cordes pour interpréter de façon maîtrisée un Good Lovin' des Olympics (c'est approprié, non ?). Le set s'achève sur un Baba O'Riley des Who même si sur cette dernière ligne droite, on sent le sieur Martin être à la peine sur certains couplets. N'insistons pas trop non plus là-dessus car TOUT le groupe nous a livrés en cette soirée printanière une dernière salve avec autant de panache que de talent.