C'est vrai qu'il est excellent. Mais depuis, on a eu droit à la sortie du mythique Live At Knebworth 1976 qui pourrait presque ravir la 1èreplace au One More From The Road.
Chronique à l'époque de sa sortie :
LYNYRD SKYNYRD : Live At Knebworth '76
On serait bien hypocrites d'affirmer que ce live, on ne l'attendait pas, n'est-ce pas ? En tout cas, c'était une sortie que j'espérais depuis des années dans son intégralité et non pas sous la forme d'un patchwork de trois concerts différents comme proposés en 1996 sur le live Freebird-The Movie même si à sa décharge, il présentait une bonne partie de ce concert emblématique. Il manquait tout de même L'ESSENTIEL, cette version apocalyptique de Free Bird issue de Knebworth. En effet, celle qui était présente sur ce live, provenait d'un excellent concert enregistré au Coliseum d'Oakland un an plus tard. Mais bon, Oakland n'entrait pas au panthéon des meilleurs concerts du groupe.
Aujourd'hui, l'erreur est réparée.
Alors oui, dans cette optique, on l'attendait plus que tout, cette édition (qui ne venait jamais) de ce ce fameux concert du 21 juin 1976 enregistré en support act des Rolling Stones dans les conditions que l'on sait à savoir pour le groupe, jouer en plein jour dans un décor minimaliste et surtout ne pas s'aventurer sur l'avant-scène en forme de langue sous peine de réprimandes de la part des Pierres Roulantes.
Le show débute avec le rugueux Workin' For MCA (j'aime le son de cette époque) sous les cris stridents et fatigants à la longue émanant de fans quelque peu hystériques, cris que l'on percevait déjà sur le bootleg intitulé Minos Was There. Il s'agit cependant d'une minorité, le reste de l'assistance (estimée entre 150000 et 200000 personnes) observant avec circonspection un groupe qui va monter tranquillement en puissance. On le sait, surtout quand il s'agit d'une formation outre-Atlantique, les Anglais sont polis voire prudents surtout que ceux-là étaient venus uniquement pour les Stones.
Ronnie Van Zant, lui aussi, observe le public, sans un sourire voire un regard. Le combat est donc engagé. A croire même qu'il a l'air de s'emm..... pendant ce show pourtant très important. Faisant tournoyer de temps à autre son micro, accompagnant ses six-cordistes lorsque ceux-ci effectuent de magnifiques solos, Ronnie sait que pour venir à bout de ces orgueilleux Britanniques, il va falloir frapper très fort et ce, d'entrée de jeu.
Comme sur le double live One More From The Road qui sera enregistré quelques semaines plus tard au Fox Theatre d'Atlanta, c'est un pétillant I Ain't The One qui nous est proposé sans temps mort. "Frapper très fort" (au figuré bien évidemment :mrgreen:) puisque cela s'avère être le cri de ralliement du groupe, s'amorce avec un Saturday Night Special particulièrement enlevé et donc percutant, mettant en exergue le jeu particulièrement efficace du "bûcheron de service". J'ai nommé Artimus Pyle. Searching, un de mes morceaux préférés du groupe ralentit quelque peu le tempo mais ce n'est que de courte durée car Whiskey Rock-A-Roller remet illico presto le groupe sur les rails du "on va en découdre, les p'tits gars". La version proposée et ce, malgré le son un peu brut de ce live, est de toute beauté. Travelin Man, régulièrement diffusé lors des shows du groupe actuel, se veut être également d'excellente facture, un titre qui, de fort belle façon, met en scène les trois choristes, Cassie Gaines (soeur de Steve), Jojo Billingsley et Leslie Hawkins. Les Honkettes qu'elles se font appeler.
On poursuit avec Gimme Three Steps suivi de deux interprétations telluriques de Call Me The Breeze, la reprise de JJ Cale que le groupe s'est totalement approprié et T.For Texas de Jimmie Rodgers surtout le dernier cité qui met en scène les trois guitaristes tels des fantassins en ordre de marche. Epaulés par l'ami Ronnie, qui esquisse ENFIN un sourire presque machiavélique, celui-ci semble leur dire "On va leur défoncer la gu....aux Brits", les trois solistes sortant à ce moment précis l'artillerie lourde via des solos qui rendent le public complètement dingue. Et encore, ce n'est que la phase préliminaire avant le coup de grâce. Sweet Home Alabama (bah oui, c'est un hit....) réjouit tout naturellement les Brits qui s'animent et se trémoussent avec une "élégance très britannique" mais ce qui suit va définitivement les achever.
Free Bird en version tsunami les prend carrément à la gorge à tel point que pendant le morceau, on entrevoit un Ronnie un brin provocateur qui subrepticement, fait mine de "les égorger" alors que Rossington, Collins et Gaines sont en train de livrer bataille comme si leur propre existence en dépendait à coups de solos survitaminés.
Bravant ainsi l'interdiction stonienne, les quatre larrons sont poussés et ce, non sans provocation, sur la "langue" par le goguenard Van Zant ("langue" qui soit dit en passant, ne garantit pas une sécurité des plus sures au moment où Collins tape du pied de façon à la limite de l'épileptique). Presque cinq puisque le bassiste Leon Wilkeson, désireux d'accompagner ses camarades "au charbon", est obligé de se raviser, la faute à un câble beaucoup trop court.
Pendant ce temps, les trois guitaristes n'en finissent pas de vider leurs chargeurs devant un public qui devient lui aussi hystérique. Celui-ci est à point, pour faire court à la merci du groupe qui, grâce à ce flot incandescent de décibels, clôt avec maestria un concert qui sera appelé à devenir légendaire par la suite dans sa propre histoire mais aussi dans celle du festival. En effet, quand on pense à Knebworth, les trois concerts-référence souvent évoqués, sont ceux de Led Zeppelin en 79 (quoique...) et..... Lynyrd Skynyrd. Certains iront même jusqu'à prétendre par la suite que Ten CC (on s'en f***) et les Stones (et ce, malgré un superbe show) après cette prestation cataclysmique, se sont posés, paraît-il, bon nombre de questions juste avant d'entrer en scène.....
Tout à fait compréhensible quand on visionne aujourd'hui le DVD qui, pour l'éternité, n'a eu que pour seul souci d'immortaliser cette incroyable prestation mais aussi d'honorer la mémoire de ce groupe exceptionnel ici à son apogée, surtout quand on connaît l'issue tragique qui décimera un an et quelques mois plus tard une partie de ces artistes immensément talentueux. Un live essentiel, c'est certain qu'il conviendra de ranger aux côtés des plus grands live de l'Histoire du Rock. Après, vous faites ce que vous voulez...