Il est toujours délicat plus de trente-cinq ans après de décrire l'impression ressentie en recevant une bonne baffe dans la gueule...
C'est pourtant le défi que je me suis fixé en tentant aujourd'hui de réactualiser le recul que j'ai dû encaisser le jour où je m'en suis allé quérir ce vinyl d'Ufo à la pochette provocatrice (censurée aux States)...
Ce n'est pourtant pas celle-ci qui m'avait fait jeter mon dévolu sur ce quatrième album des hard-rockers britanniques mais le fait que leur précédent (Phenomenon) m'avait conquis : principalement à cause d'une guitare justement phénoménale, celle de Michael Schenker...
Replacer l'évènement dans son contexte m'amène à aborder (forcément...) la rivalité de l'époque : UFO / Scorpions due en grande partie à la compétition technique Michael / Rudolf des deux frères guitaristes (mais aussi aux mouvements d'humeur du premier cité transformés ensuite en mégalomanie maladive...) Sans compter que, pour simplifier la situation, Michael eut la bonne (?) idée de parsemer sa carrière d'incursions dans le combo Allemand !
Mais ces digressions annexes ne doivent pas polluer un jugement objectif (donc limité à l'aspect musical) du produit proposé en juillet 1975 à des fans encore sous le choc du revirement datant de moins d'un an : Phenomenon opérait en effet une orientation hard/heavy à un style catalogué jusqu'alors comme plutôt space-rock... Et Force It n'allait qu'amplifier ce constat : ouvrant grand les portes du succès (première entrée du groupe dans les charts US) et instillant une dynamique porteuse (cf. les superbes albums à venir : Lights Out ou Obsession...).
Car le jeu de Schenker tant par ses soli que ses riffs disséminés tout au long des neufs morceaux que compte Force It, est purement et simplement divin et porte à lui seul la marque de fabrique naissante d'UFO... Pourtant, ce qui aujourd'hui ne choque plus personne fut à l'époque source de polémique : une telle aisance à la guitare pour jongler sur une même piste de rythmique à solo ne pouvait se concevoir sans post-synchronisation et il y eut avalanche de critiques dénonçant la malhonnêteté d'une telle manoeuvre technique !
Tout autant que ces "culs serrés" n'altéraient nullement mon enthousiasme en 1975, ils me font maintenant doucement rigoler quand on sait qu'aucun CD ne sort plus sans une production aux petits oignons susceptible d'ailleurs de mettre certains musiciens dans la panade lorsqu'il s'agira pour eux de reproduire leur perf studio sur scène ! C'était en l'occurence le bassiste de Ten Years After, Leo Lyons qui assurait le mixage d'un enregistrement réalisé aux studios Morgan de Londres...
Tout au long de Force It, c'est l'aspect dynamisme qui prime : les frissons qui m'avaient parcouru l'échine à l'écoute de Rock Bottom ou Doctor, Doctor du précédent album se trouvent ici décuplés quand résonnent les premières mesures de This Kid's, Let It Roll ou Out In The Street... Et que dire de High Flyer, slow majestueux où la six cordes de Monsieur Schenker émet un son cristallin qui tirent littéralement des larmes d'émotion !
Pour la première fois (mais pas la dernière...), UFO démontre ici une homogénéité imperceptible auparavant à laquelle l'introduction de claviers (Chuck Churchill, Ten Years After lui aussi...) n'est pas étrangère.
Avec Force It, UFO entrait dans la cour des grands du Hard Rock et même si elle fut en dent de scie, leur carrière (et surtout la longévité de celle-ci...) atteste que cette reconnaissance en devenir n'était en rien usurpée !
Chronique de Christian du site AUX PORTES DU METAL( si jamais celui-ci voit sa revue je le remercie ou le cas échéant si il veut je la retire)
Dim 5 Mar - 15:16
